samedi 16 janvier 2010

LE nouveau spectacle de la Compagnie Marie Lenfant

Marie Lenfant dit "qu'en regardant ses pouces, elle a vu ceux de sa mère". Elle dit qu'elle s'est alors demandé d'où ça sortait la mémoire. Qu'est-ce qu'on en fait ?
Elle dit qu'on empile tellement de choses, qu'on avance, qu'on construit, qu'on construit, encore et toujours, sans s'arrêter. Sans prendre le temps de s'occuper le la mémoire. De notre mémoire.
En en fait quoi de notre mémoire ? On la perd. On l'enfouit. On la tait.

Quelle mémoire ? La mienne n'est pas la même que la tienne, pourtant nous sommes frère et sœur...
Te souviens tu de nous ? Te souviens de toi ?
Tous ces silences, ces non dits. Tout ce que l'on ne se dit pas. Tout ce dont on ne veut plus se souvenir, tout ce dont on ne peut plus se souvenir.
Toute cette mémoire qui fait mal et qui pourtant nous permettrait de nous sauver si on prenait le temps de la connaître, de l'apprivoiser ou tout simplement de la regarder en face.

El dit tout ça Marie Lenfant. A moins que ce soit moi qui le pense...

Marie Lenfant, elle dit tout ça dans son spectacle : "En regardant mes pouces... j'ai vu ceux des gens auprès de qui j'ai grandi."
Elle parle avec son corps Marie, elle est danseuse, c'est normal... Normal ? Non, parcequ'elle parle vraiment avec son corps. Et celui de ses danseurs.
Ca veut dire quoi "parler avec son corps". Je sais pas, mais en tous cas c'est ce que je ressens moi quand je les vois danser. JE vois des mots qui sortent de leurs muscles, de leurs membres, de leurs visages, leurs yeux... des mots et des notes de musique.

Quand Marie bouge dans une infinie lenteur, je me mets à regarder un morceau bras et j'entends des mots. Je regarde une jambe, une courbure de jambe et j'entends le mouvement. Je me dis, c'est vrai aussi, "bon sang, qu'elle a de belles jambes"...

Marie Lenfant, Marc Têtetoie et Thierry Mabon interprètent une partition dansée, à 3.
Comme 3 instruments de musique vivants. Qui jouent une partition presqu'improvisée.


Pas facile cette pièce. Pas gaie. Pas légère. Grave. Dure. Ben oui, on peut pas toujours faire le pitre, faire semblant ou faire simple.

Marie Lenfant nous parle de sa difficulté à supporter notre destruction de notre propre mémoire. On a envie de l'écouter.

Donc, il y a Marie et Thierry Mabon. Son complice depuis longtemps (1992). J'avais eu le bonheur de les voir l'année dernière dans le projet Dkadanse. Là, je l'ai retrouvé. Tout en énergie, tout en révolte aussi.
Thierry, il a ceci de particulier qu'il peut en dansant, d'une seconde à l'autre, provoquer le rire et les larmes, le malaise et le bien être. Je le vois danser, se déplacer simplement, prendre une chaise, regarder ses partenaires de danse, je le vois faire tout ça et j'ai l'impression qu'il me parle à moi. Il partage. Communiquer serait trop simple. Il partage.

Et puis, nous avons pu découvrir Marc Têtevoie... Danseur tout en cassure et souplesse. Enfin, c'est comme ça que je l'ai vu.

Pour tout vous dire, le final de ce spectacle m'a fait pleurer.

Faut rentrer dedans. Faut se laisser porter, malmener aussi.
Faut se laisser faire. Faut pas penser, pas sur le moment. Faut vivre l'instant. Les silences, les lenteurs. Faut penser après, après le spectacle. Pas pendant.

Se laisser porter jusqu'au crescendo final... et là... pffffoouuuuu... on en prend plein la tronche.
Un duo sublime entre les 2 danseurs.

A aucun moment les 3 danseurs ne se touchent, ou alors vraiment à peine. Ils ne vont jamais au sol non plus. Ils restent debout. pliés, cassés, tordus. Tout droit aussi. Mais jamais par terre. Je ne sais pas pourquoi.

Et puis il y a la musique. La matière sonore plutôt. Surtout dans le final.

Le Myspace de la Compagnie Marie Lenfant
http://www.myspace.com/ciemarielenfant

Le site du Théâtre d'Auxerre. Rendons homage au magnifique travail que fait l'équipe de ce théâtre pour la danse.

Article sur le site du théâtre d'Auxerre

Une vidéo d'un autre spectacle de la Compagnie Marie Lenfant avec Thierry Mabon

http://www.youtube.com/watch?v=kz5yC6SgJ_I

A suivre...

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